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Le somnambulisme, une balade tout en sommeil

Troubles du sommeil - 13 minutes de lecture

Le somnambulisme, une balade tout en sommeil

Sleep Hackademy Team
Sleep Hackademy Team Rédacteurs

Qui dort se promène

Les balades au clair de lune, vous aimez ça ? Il est vrai qu'une promenade de nuit a ses avantages et offre une perspective différente sur le monde qui nous entoure, sans parler du côté mystérieux, voire romantique de la chose. Cependant, vous êtes-vous déjà promené… en dormant ? Vous en conviendrez, il s'agit là d'une tout autre histoire. Cette histoire-là, c'est celle que vivent les personnes sujettes au somnambulisme, ce singulier trouble du sommeil conduisant à agir de manière inconsciente et à réaliser des actions alors même que l'on dort. Que sait-on vraiment à propos du somnambulisme ? À quoi correspond cette sorte "d'éveil inconscient" ? Au-delà de quelques mythes et légendes urbaines qui y sont associés, le somnambulisme est un sujet fort intéressant sur lequel nous allons essayer d'éclairer votre lanterne. Alors, êtes-vous prêt pour une petite marche nocturne mais bien éclairée par notre enquête ?

Le somnambulisme est une parasomnie | Sleep Hackademy

Le somnambulisme, un court chemin entre mythes et faits scientifiques

Qu'est-ce que le somnambulisme ?

De nombreuses pathologies ou manifestations sortant de l'ordinaire ont pu susciter toutes sortes de suppositions ou de croyances populaires. Tout comme les terreurs nocturnes ou la paralysie du sommeil, le somnambulisme en est un parfait exemple, spectaculaire et difficile à cerner. Avant d'aborder les légendes urbaines qui s'y rapportent, soyons plus terre à terre : le somnambulisme, qu'est-ce que c'est exactement ? Il s'agit d'un trouble du sommeil un peu particulier. En effet, on le classe en tant que parasomnie du fait qu'il survient à la frontière entre le sommeil et l'éveil, au cours de la phase de sommeil lent profond, et qu'il implique un comportement moteur ou psychomoteur anormal et indésirable.

Comment se manifeste le somnambulisme ?

Vous vous demandez sans doute à quoi peut faire référence un événement comportemental "indésirable". Dans ce cas, imaginez un instant que vous vous réveillez en pleine nuit et, qu'à votre grand étonnement, votre bien-aimé(e) ne soit plus à côté de vous dans votre lit. Aurait-il (ou elle, respectons la parité) découché à votre insu ? C'est alors que vous entendez comme un bruit provenant de votre garage. Vous vous rendez donc sur place et là, avec stupéfaction, vous voyez votre conjoint en train de monter dans la voiture et de démarrer celle-ci, ignorant complètement vos interrogations et le son de votre voix… parce qu'il dort ! Ou plus précisément, il se trouve dans ce fameux état d'éveil inconscient. Les exemples tels que celui-ci sont divers et variés. Un somnambule peut avoir de multiples comportements allant du simple fait de s'asseoir sur le lit pour balayer la pièce du regard, à faire la vaisselle, du ménage, ou tout autre activité, en passant par une promenade au gré du hasard, parfois même en sortant de son domicile. Il est vrai que cela peut présenter certains avantages, surtout pour ceux qui manqueraient de motivation pour s'acquitter des tâches ménagères du foyer, mais cela peut surtout comporter des risques dans certaines situations ! En pratique, un somnambule peut effectuer quasiment n'importe quelle action du quotidien, et il n'en gardera généralement aucun souvenir. En outre, il n'est pas possible d'interagir avec une personne victime d'une crise de somnambulisme. En effet, en dépit de son aspect "éveillé", cette dernière est bien inconsciente, et ne répondra peut-être que de manière complètement incohérente ou incompréhensible.

Une crise de somnambulisme débute en règle générale entre 1 et 3 heures après l'endormissement et peut durer de 5 à 30 minutes en moyenne, ce qui, comme vous pouvez l'imaginez, laisse pas mal de temps pour se promener ou faire toute sorte de choses, voire de bêtises !

Qui peut être concerné par le somnambulisme?

Cette parasomnie peut toucher tout le monde. Cependant, le somnambulisme aurait tendance à davantage concerner les enfants et à se raréfier en arrivant à l'âge adulte. Les études estiment en moyenne la prévalence du somnambulisme1 à 2 % des adultes et à 5 % des enfants. Le pic de prévalence2 pour les enfants se situerait aux alentours de l'âge de 10 ans, avec en moyenne 13 % de nos jeunes bambins qui seraient confrontés à des crises de somnambulisme.

Pour ce qui est du genre, le somnambulisme serait assez égalitaire si l'on en croit une étude finlandaise3, puisque cette dernière révèle une prévalence de 3,9 % chez les hommes et de 3,1 % chez les femmes. Toutefois, d'autres recherches4 peuvent mettre en évidence une incidence un peu plus élevée chez les hommes que pour les femmes, sans que l'écart soit réellement significatif.

Connait-on les causes du somnambulisme ?

De tout temps, le somnambulisme a suscité interrogations scientifiques et croyances populaires. S'il est un sujet intéressant, voire fascinant, les causes exactes du somnambulisme n'en demeurent pas moins encore incertaines, tout du moins jusqu'à il y a quelques années. Heureusement, quelques études récentes ont permis d'y voir plus clair sur le chemin parfois obscur et mystérieux du somnambulisme.

Tout d'abord, comme le rapporte le référencé site "Sleep Foundation"5 des corrélations ont été établies entre le somnambulisme et les facteurs ou pathologies suivantes :

  • manque de sommeil : il conduit à passer plus de temps en phase de sommeil profond afin de "récupérer", augmentant ainsi les risques d'épisodes de somnambulisme
  • prise de médicaments : les médicaments tels que les somnifères provoque un excès de sommeil favorable au somnambulisme
  • consommation d'alcool : effets indésirables sur la qualité du sommeil avec des troubles durant les différentes phases, conduisant à une fragmentation des ondes lentes propice au somnambulisme
  • stress : favorise le somnambulisme à cause d'un sommeil fragmenté

En ce qui concerne le facteur "manque de sommeil", une étude6 a été plus loin en concluant qu'au delà des risques liés à un déficit de sommeil, un réveil forcé ou brutal pourrait augmenter significativement les possibilités d'être victime d'une crise de somnambulisme… pour les personnes prédisposées ! Il faut en effet préciser ce point car c'est bien la découverte de cette "prédisposition au somnambulisme" qui a fait avancer le schmilblick, et qui, espérons le, permettra peut-être de mieux comprendre cette parasomnie dans les prochaines années.

Pour ceux qui ne connaitraient pas le "schmilblick" (et son expression consacrée), il conviendra de faire quelques recherches. Un peu de culture générale, c'est toujours bon a prendre !

Une prédisposition génétique au somnambulisme ?

La découverte d'un facteur héréditaire a permis de mettre en lumière ce qui est sans doute, avec le manque de sommeil, la principale cause du somnambulisme. D'après une étude datant de 20037, on estime en effet qu'on trouve des antécédents familiaux chez près de 80 % des somnambules. De plus, comme le révèle un article du "Medical Express"8, des chercheurs du département de neurologie de la prestigieuse "Washington University School of Medicine " ont eux réussi à mettre en évidence et à identifier le chromosome qui serait responsable d'une transmission génétique prédisposant au somnambulisme: il s'agirait du chromosome "20q12-q13.12" (gène "HLA DQB1*05", impliqué dans la régulation du système immunitaire). En outre, leur étude9 a déterminé qu'un individu sujet à des crises de somnambulisme possédant cette forme particulière du chromosome 20 avait près de 50 % de chances de le transmettre à sa progéniture.

Voilà qui est intéressant et pourrait permettre de prévenir, ou tout du moins de limiter certaines marches ou activités nocturnes intempestives dans le futur !

Le somnambulisme dans les croyances populaires

Afin de poursuivre notre promenade nocturne sur un ton plus léger, mais toujours bien éclairée, arrêtons-nous un instant sur quelques croyances populaires à propos du somnambulisme. Lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses ? Voici quelques éléments de réponses juste pour vous, cher(e)s rebelles nocturnes :

  • "Un somnambule peut mourir si on le réveil" : non, en revanche il pourrait se trouver dans un état de confusion plus ou moins fort pouvant entraîner des réactions brusques et désordonnées
  • "Les somnambules gardent toujours les yeux fermés" : non, sinon comment pourraient-ils se déplacer ? En réalité, leurs yeux ne sont parfois pas toujours complètement ouverts, mais un somnambule qui se déplace les yeux fermés, c'est uniquement pour faire peur dans certains films !
  • "Les personnes qui y sont sujettes subissent des épisodes de somnambulisme tous les jours" : non, pas forcément. En effet, la fréquence des épisodes dépend essentiellement du niveau des facteurs stress et manque de sommeil
  • "Les somnambules ne peuvent pas se blesser" : doit-on vraiment répondre ? Bien évidemment, les somnambules ne sont pas des super-héros, ils peuvent se faire mal, se blesser, voire même blesser quelqu'un (nous y reviendrons !)

Outre ces quelques croyances (parmi d'autres), le somnambulisme a aussi fait l'objet d'une mystification au cours des siècles écoulés. Imaginez donc, il y a quelques centaines d'années, les réactions incrédules ou apeurées face à une personne qui marche en dormant, alors même qu'aujourd'hui on peine encore à l'expliquer grâce à la science. On parlait alors d'esprits et de possession : " L’apparition du mythe de la possession remonte au Moyen âge ", explique Édouard Collot, psychiatre spécialisé en hypnothérapie et auteur, avec Bertrand Hell, de Soigner les âmes (Dunod). "Ce type de croyances ancrées dans le socle culturel fait que le somnambule peut être assimilé à un possédé."

L'art, et la littérature en particulier, a été influencé par certains troubles du sommeil, dont le somnambulisme. Par exemple, le personnage de MacBeth dans le roman éponyme de William Shakespeare (deuxième point culture !). Cela est également le cas dans le 7e art, où quelques films d'horreurs et thrillers haletants ont pu mettre en scène des somnambules (parfois) très inspirés ("Le Somnambule", film de 1997 de John Cosgrove, avec Hillary Swank) !

Comment peut-on traiter le somnambulisme ?

S'il est inspirant pour la littérature, le cinéma ou quelques légendes urbaines, le somnambulisme ne doit pas pour autant être pris à la légère. Certes, il peut donner lieu à des scènes parfois cocasses, mais dans quelques cas, il peut s'avérer angoissant, et même dangereux. On parle alors de somnambulisme à risques. Le somnambule peut en effet être dangereux pour lui-même, en tombant des escaliers, en se défenestrant, en se coupant avec un couteau, ou par de nombreuses autres actions. Il peut hélas être également dangereux pour son entourage : certains somnambules présentent des comportements agressifs, peuvent effectuer des gestes violents et désordonnés, ou simplement être maladroits.

D'autre part, une forme particulière de somnambulisme est associée à un comportement sexuel : il s'agit de la sexomanie. Au cours d'un "épisode" de ce somnambulisme particulier, l'individu peut reproduire seul des comportements sexuels, tout comme elle peut se montrer entreprenante, voire même sexuellement agressive envers quelqu'un. De nombreuses études de cas se sont multipliées ces dernières années, notamment par le Pr. Shapiro10. Certains cas d'agressions de type sexomanie, apparantés à des viols, ont même pu faire l'objet de procédures judiciaires.

On le voit, le somnambulisme n'est pas anodin. Certaines conséquences de ses manifestations peuvent être graves (blessures, accidents, comportements violents), même si le somnambulisme à risques n'est heureusement pas le plus répandu. Face aux désagréments et aux risques de certains comportements qui y sont liés, est-il possible de prévenir ou de traiter le somnambulisme ?

De 5 à 13 % des enfants seraients concernés par le somnambulisme | Sleep Hackademy

Malheureusement, il n'existe pas de traitement officiellement reconnu contre le somnambulisme. Toutefois, et c'est heureux, il est possible de limiter la fréquence et la durée des épisodes de somnambulisme, même pour les cas les plus sévères. Ces cas sont cependant assez rares chez l'adulte (moins de 2 %). Quoi qu'il en soit, avant d'envisager tout prise médicamenteuse, voici quelques astuces pour agir sur les principaux facteurs liés au somnambulisme :

  • adopter une bonne hygiène de sommeil : éviter une durée trop importante de sommeil profond (propice au somnambulisme) en ayant une quantité de sommeil journalière suffisante pour ne pas avoir à "rattraper" un manque de sommeil
  • procéder à des réveils programmés : 15 à 20 minutes avant l'horaire habituel constaté du début des épisodes, quand cela est possible
  • traiter les troubles du sommeil ou maladies qui fragmente le sommeil profond : apnée du sommeil, syndrome des jambes sans repos...
  • recourir à des séances d'hypnose : l'efficacité de l'hypnose pour limiter l'impact du somnambulisme est reconnue par de nombreuses études11
  • sécuriser l'environnement : fermer portes et fenêtres, cacher les clefs de voitures et les objets dangereux...

Dans certains cas particulièrement difficiles, le recours à la médication, et plus spécifiquement aux benzodiazépines ou aux antidépresseurs, connus pour limiter le sommeil lent profond, peut être envisagé. Attention néanmoins aux risques d'accoutumance et à certains effets secondaires indésirables.

Phénomène aussi mystérieux que spectaculaire, inspirant pour la culture populaire et source de recherches de plus en plus nombreuses pour la science, cette parasomnie ne peut être ignorée et demande une attention certaine. Le somnambulisme est une balade ensommeillée qui n'a parfois rien d'une promenade de santé ! Aussi, gageons que les récentes découvertes sur les prédispositions génétiques nous aident à mieux le comprendre dans le futur.

En complément et afin de mieux illustrer le propos de cet article, on vous propose une vidéo courte et sympa, juste ici, publiée par le chaîne "Life Noggin".

Troisième point culturel, pour ceux qui voudraient avoir quelques frissons en regardant un excellent thriller scandinave ayant le somambulisme comme fil conducteur, on vous recommande le film "Sleepwalker".

Sources :

[1] Prevalence of Sleepwalking: A Systematic Review and Meta-Analysis, Helen M. Stallman and Mark Kohler, "Plos One", 2016 [2] Childhood Sleepwalking and Sleep Terrors: A Longitudinal Study of Prevalence and Familial Aggregation, Dominique Petit, Marie-Hélène Pennestri et al, "JAMA Pediatrics", juillet 2015 [3] Prevalence and Genetics of Sleepwalking, C. Hublin, J. Kaprio et al, "Neurology", janvier 1997 [4] Prevalence of sleepwalking in an adult population, Celestine Okorome Mume, "Libyan Journal of Medicine", janvier 2010 [5] Sleepwalking, site "Sleep Foundation", 2020 [6] Precipitating factors of somnambulism: impact of sleep deprivation and forced arousals, Mathieu Pilon, Jacques Montplaisir et al, "Neurology", juin 2008 [7] HLA and genetic susceptibility to sleepwalking, M Lecendreux, C Bassetti et al, "Molecular Psychiatry", 2003 [8] Scientists find genetic basis for sleepwalking, site "Medical Xpress", février 2011 [9] Novel genetic findings in an extended family pedigree with sleepwalking, A.K. Licis, MD, D.M. Desruisseau et al, "Neurology", janvier 2011 [10] Sexsomnia : a new parasomnia ?, Colin M Shapiro, Nikola N Trajanovic et al, "Revue Canadienne de Psychiatrie", juin 2003

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