Comment vaincre l'insomnie chronique ou transitoire ?
Que faire contre l'insomnie ?
Troubles du sommeil - 6 minutes de lecture
La nuit est tombée depuis bien longtemps déjà. Tout le monde dort, sauf vous. Le réveil marque l’heure de demain et cela vous torture. Vous n’arrivez pas à dormir. Vous êtes en train de faire ce que l’on appelle une insomnie.
Malheureusement, vous avez déjà tout essayé : changé de position cent fois, pratiqué des exercices de respiration, un peu de sophrologie, des visualisations apaisantes... Mais le sommeil ne vient pas, c’est presque pire. Plus vous résistez à l’insomnie, plus elle est solide, invincible, comme ce monstre de cartoons qui grossit après chaque attaque. Impuissant, vous assistez au spectacle de cette petite roue dans la tête qui ne s'arrête pas de tourner : un problème vous obsède, le futur est imaginé dans une nouvelle version, le passé revisité compulsivement. Dans tous les cas, les boules quies ne servent plus à rien quand il faut faire taire ce bruit qui vient de l’intérieur de vous-même.
"Vous-même" ? C’est quoi ? Vous êtes-vous déjà posé cette question ?
Comme il est l’heure d’aller se coucher, je vais commencer par vous raconter une petite histoire. Il y a cent ans, dans le sud de l’Inde, vivait un sage. Il était dit qu’à son contact, on ressentait une paix profonde, infinie et inexplicable. Lorsqu’il vous regardait tout en vous s’arrêtait. Le silence s’imposait. C’était un homme très simple, il parcourait la montagne avec pour seule tenue son dhoti et un simple bâton de bois. Les animaux étaient attirés par lui. Les oiseaux venaient se poser sur ses épaules lorsqu'il lisait, les vaches montraient leur tête à la recherche d’une caresse. On le disait libéré vivant, comme le bouddha. Tout autour, les Hommes se pressaient. La rumeur de ce maître avait parcouru le monde, si bien que les gens venaient des quatre coins de la planète, attirés comme par un aimant, pour le voir, profiter un peu de sa présence ou lui poser des questions sur la vie. Pourtant, il n’avait pas fait de publicité et avait fait le serment de ne jamais s’éloigner de sa petite Montagne : Arunachala. Pour les Indiens elle représente le cœur de Shiva, le premier Yogi, le créateur du Monde. Il devait en savoir beaucoup, pour dégager une telle tranquillité. Mais que savait-il de plus que nous ? Son enseignement, qu’il offrait à tous ceux en recherche de réponses sur bien des choses de la vie, et bien justement, ça n’était pas des réponses, mais une seule et même question : qui suis-je ?
En 1902, il sortit du silence pour répondre à une série de questions, posées par un disciple et compilées aujourd’hui dans un ouvrage dont je vous laisse deviner le titre : Nan Yar ? (Qui suis-je ?). Voici son introduction :
“Tout être vivant aspire à un bonheur qu'aucune souffrance ne troublera ; et chacun éprouve le plus grand amour pour soi-même. La cause de cet amour est le bonheur seul. Aussi, afin d'atteindre ce bonheur, qui est notre nature véritable et que nous éprouvons chaque nuit dans le sommeil profond lorsque le mental est absent, chacun doit se connaître soi-même. La meilleure méthode pour y parvenir est la voie de la Connaissance, la quête du Soi par la question "Qui suis-je ?".”
Et il ajoute, plus loin, à la question “comment faire taire les pensées” :
“Par la question “Qui suis-je ? ”. La pensée “Qui suis-je ? ” va mettre fin à toutes les autres pensées, et comme le bâton qui a servi à nettoyer le bûcher, il va lui-même finir par disparaître. S'en suivra la réalisation du "Soi".
Au travers de cette histoire, celle de Ramana Maharshi, je vous propose un autre angle d’approche pour votre insomnie. Ici, il n’est pas question de faire taire ses pensées, de les contrôler ou bien de les remplacer par d’autres plus agréables. Pas question non plus d’appliquer une technique pour arriver à un état plus détendu. C'est une investigation qui consiste à voir ce qui est vraiment en train de se faire . En voyant ce qui est, l’illusion disparaît d’elle-même, celle qui me dit que je suis quelque chose de contracté, de séparé. C'est un peu comme lorsque l'on prend peur en voyant une silhouette humaine dans la pénombre de sa chambre. Il nous suffit de voir (en appuyant sur l'interrupteur) pour que la peur s'évanouisse : ce n'était qu'un tas de vêtements sur une chaise. Il n'y avait personne.
Revenons à nos moutons… je vous épargnerai le décompte du cheptel.
Vous êtes allongé dans votre lit, les yeux fermés. Des pensées se succèdent les unes après les autres. Des sensations et des images les accompagnent sûrement. Ce défilé infernal capte toute votre attention, semble vous contracter tout autour. Dans un premier temps, je vous invite à simplement observer ces objets qui surgissent et disparaissent, appelons-les “apparitions” : pensées, images, sensations, émotions. Un peu comme vous le feriez lorsque vous êtes installé sur le banc d’un parc pour observer les joggers. Faites-le pendant une minute ou deux. Sans faire de commentaire ou chercher à nommer ce qui surgit. Cela ne demande aucun effort de laisser apparaître ce qui surgit. La conscience, mais vous pouvez aussi l’appeler vigilance, permet à tout ce qui est là d’être ce qu’il est, sans effort. Même la résistance par rapport aux apparitions, qui est elle-même une apparition, est accueillie sans réserve par cette vigilance.
Si vous êtes capables d’observer ces apparitions, c’est que vous n’êtes pas ces apparitions mais ce qui observe ces apparitions. N’est-ce pas ? Autrement dit, vous êtes la conscience ou la vigilance.
Maintenant, permettez à votre attention de se désintéresser de toutes ces apparitions pour s’intéresser à la vigilance elle-même, à en faire l’expérience consciemment.
C’est comme si je vous demandais, au cinéma, de ne plus vous intéresser au film durant un instant, afin de vous intéresser à l’écran blanc qui est derrière. Il est présent avant, pendant et après la fin du film. Peu importe le film, que ce soit une romance ou un drame, l’écran reste blanc, silencieux, ne se contracte, ni ne résiste aux images projetées. Il est libre. Laissez l’attention revenir à cet écran en vous qui n’est autre que la conscience ou la vigilance. Ne cherchez pas à en faire un objet, car c’est ce que vous êtes, et ce que vous êtes est sans forme, sans limite. Vous ne pouvez pas vous éloigner d’un millimètre de ce que vous êtes. Qu’il y ait du bruit ou l’absence de bruit, le silence de ce que vous êtes est là, toujours. Permettez maintenant à votre corps de ressentir ce silence. Comme si chaque cellule était à l'écoute, et que vous laissiez toute l'attention fondre dans la vastitude de votre être. Aucun effort, simplement laisser l’attention à la source, reposer là d’où elle vient : cet espace calme où rien ne manque.
Cette expérience, vous la faites chaque nuit en sommeil profond, mais sans en être conscient car le mental est absent, comme le disait Ramana plus haut. Maintenant elle est faite en conscience, et c’est depuis la liberté de la conscience qu'il est possible d'observer le petit vélo, désormais moins collant, plus lointain que lorsqu’il était vécu depuis l’illusion de séparation. Vous êtes la paix elle-même et il suffit de revenir à vous pour la ressentir.
Paradoxalement votre difficulté à dormir vous a peut-être ouvert la porte de l’éveil.
Je vous souhaite une bonne nuit…
PS : Si vous souhaitez aller plus loin dans votre expérience de l’éveil, je vous invite à lire "Nan Yar - Qui suis-je" de Ramana Maharshi gratuitement accessible sur internet en version pdf.
Beaucoup d’enseignants contemporains abordent également ce sujet, l’ouvrage “Vivre l'Éveil ” de Scott Kiloby est facilement accessible et sa lecture est accompagnée d’exercices simples pour vous guider pas à pas vers une vie plus consciente.
Vous pourrez également pratiquer avec moi autour de cette perspective, pendant mes capsules vidéo Sleep Hackademy, j’y mêle méditation et Yin Yoga pour faciliter votre entrée dans un sommeil réparateur.
Que faire contre l'insomnie ?
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