Comment vaincre l'insomnie chronique ou transitoire ?
Que faire contre l'insomnie ?
Troubles du sommeil - 4 minutes de lecture
La solitude, cette étrange sensation que l’on a encore bien du mal à appréhender. À dire vrai, ce serait même plutôt elle qui nous appréhende, voire même qui nous kidnappe, et parfois en pleine nuit. Et là, d’un coup, on se sent beaucoup moins seul en compagnie de « madame insomnie » pour passer la nuit ! Mais alors, l’insomnie est-elle réellement une conséquence de la solitude ? Quelle relation peut-on établir entre sentiment de solitude et perte de sommeil ?
Que sait-on des effets de la solitude sur le psychisme, et plus particulièrement sur le mécanisme du sommeil ? En réalité, un certain flou subsiste encore sur les interactions entre les deux : on sait que la solitude est liée aux troubles du sommeil, mais il est encore difficile d’identifier clairement les rouages entre les deux ! On constate malgré cela que l’isolement d’une personne peut influer directement sur la qualité de son sommeil. En effet, une étude réalisée par le King’s College1 de Londres en 2017 révèle que sur un échantillon de 2232 jeunes adultes (âgés de 18 à 19 ans), ceux qui déclaraient se sentir « seuls » ou « très seuls » (près de 30% d’entre eux) avaient 24% de chances supplémentaires d’être sujet à des troubles du sommeil. Cette étude, relayée par le très sérieux Psychological Medicine2, conclue que « la solitude est fortement associée à une mauvaise qualité du sommeil chez les jeunes, ce qui souligne l'importance des interventions précoces pour atténuer les résultats à long terme de la solitude ».
Néanmoins, il faut souligner que pour cette étude le sentiment de solitude (sociale ou affective) n’est pas la seule cause d’insomnie.
En effet, d’autres facteurs que la solitude en elle-même viennent s’ajouter, voire aggraver ces troubles du sommeil : « L'une des raisons proposées pour le sommeil agité chez les personnes seules est la possibilité qu'elles se sentent moins en sécurité. ». Ce sentiment d’insécurité provient essentiellement (à 70%) de violences subies par les sujets de l’étude. De plus, une étude réalisée aux Etats-Unis (dans le Dakota)3 n’a pas pu établir clairement un lien direct entre solitude et insomnie même si les sujets souffraient d’un « sommeil fragmenté » pour la plupart. Cette étude a été réalisée sur 95 personnes isolées en milieu rural qui déclaraient se sentir seules.
Il existe donc un lien entre solitude et insomnie, un lien qui donne du fil à retordre à nos scientifiques et qui souhaite rester anonyme, caché dans l’ombre de nos nuits. Un solitaire sûrement ! En tous les cas, il existe bien quelques effets de la solitude qui se répercutent sur la qualité du sommeil.
Bon, n’ayez crainte, il ne s’agit pas d’une offre d’emploi pour une éventuelle reconversion au métier de berger ! Disons plutôt qu’un lien assez logique (le fameux lien mystérieux et solitaire ?) peut être établi entre le sentiment de solitude créé par un isolement social ou affectif et le fait de voir ses nuits perturbées, au point d’en être réduit à compter les moutons. Cette activité de berger nocturne n’a d’ailleurs aucune efficacité prouvée pour s’endormir, au contraire, elle aurait même tendance à stimuler votre cerveau, et donc à retarder votre endormissement. Bref, revenons à nos moutons ! La solitude et l’isolement ont tendance à créer un sentiment d’insécurité chez les individus, cela a été mis en lumière dans certaines études, comme celle effectuée dans le Dakota4: « La nature sociale des humains peut se manifester en partie par notre dépendance à nous sentir en sécurité dans notre environnement social pour bien dormir. ». Le sentiment d’insécurité maintient éveillé ou réveille, c’est un mécanisme de préservation mis en place par l’esprit humain. Et cela peut se transformer en cercle vicieux.
En effet, quoi de mieux pour passer le temps, hormis compter les moutons bien sûr, que de s’occuper avec la télévision, l’ordinateur, la tablette ou le smartphone ? On veille, on repousse au maximum le moment du coucher afin de ne pas se retrouver seul dans ce moment fatidique. Le rythme circadien, c'est-à-dire notre horloge biologique, s’en retrouve perturbé. On ne dort plus la nuit mais on fait la sieste en journée car cela est plus rassurant, inconsciemment. Et la nuit suivante, rebelote, on cogite, on veille, on ne trouve plus le sommeil. On peut transporter sa solitude tard dans la nuit en cherchant un moyen de la combattre grâce aux réseaux sociaux ou en regardant un bon film.
On ne peut pas être affirmatif sur le lien de cause à effet entre solitude et insomnie, mais il apparaît tout de même, d’après certaines études, que les individus solitaires ont une plus grande propension à avoir des troubles du sommeil. Notre mode de vie actuel5 n’y est peut-être pas étranger. Se dirige-t-on vers une recrudescence des vocations du métier de berger nocturne ? On se sent peut-être moins seul avec ces gentils compagnons !
Sources :
[1] Loneliness in young adults linked to poor sleep quality, Matthews T. et al, “Sleeping with one eye open: loneliness and sleep quality in young adults Psychological Medicine”, 2017 [2] Sleeping with one eye open: loneliness and sleep quality in young adults, Matthews T. et al, site “Cambridge University Press”, 2017 [3]et [4] Loneliness Is Associated with Sleep Fragmentation in a Communal Society, Lianne M. Kurina, Kristen L. Knutson et al, site “Sleep”, novembre 2011 [5] Les solitudes en France, site “Fondation de France”, 2016Que faire contre l'insomnie ?
La pleine lune nous empêche-t-elle vraiment de dormir ?